Du 17 au 19 mars derniers, les Ateliers de la SFPC ont rassemblé professionnels de santé et experts à Amiens pour réfléchir aux enjeux actuels et futurs de la pharmacie clinique. Plusieurs grands axes ont été abordés, autour des pratiques officinales, du lien ville-hôpital, de l’innovation thérapeutique, de la prévention et des nouvelles responsabilités du pharmacien.

Voici une synthèse des principaux sujets abordés lors de cet événement :
Baromètre de la pharmacie clinique : état des lieux et perspectives
Les premières discussions ont porté sur le baromètre de la pharmacie clinique, un outil essentiel permettant de faire un état des lieux des bonnes pratiques dans ce domaine. Plusieurs points clés ont été abordés, notamment les applications à l’officine et la relation ville-hôpital, un sujet particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Les difficultés restent nombreuses, notamment en ce qui concerne le temps accordé à chaque patient et le dialogue entre pairs, qui reste insuffisant.
Cependant, certaines pratiques se développent et s’élargissent, telles que la prescription par le pharmacien en officine. Cette pratique concerne principalement les protocoles de vaccination, le renouvellement d’ordonnances pour les médicaments chroniques, ainsi que les traitements par antibiotiques via les protocoles des TROD (Tests Rapides d’Orientation Diagnostique). Le rôle du pharmacien, en particulier dans la gestion préventive des patients, est en constante évolution.
Les pathologies ayant un fort impact de santé publique et les enjeux médico-économiques
Un autre sujet majeur a été la gestion des pathologies chroniques et leur impact sur la santé publique et les finances publiques. Le diabète et les maladies cardiaques ont été mis en avant, avec une discussion approfondie sur l’importance de la pharmacie clinique dans la gestion de ces pathologies à long terme.
La pharmacie clinique joue un rôle essentiel dans la prise en charge précoce de ces affections par des actions de prévention, notamment via des bilans de prévention à l’officine. Ces actions visent à repérer les signes avant-coureurs des pathologies et à adapter les traitements en fonction de l’évolution des patients.
Le rôle du pharmacien est donc de plus en plus important : proposer des adaptations thérapeutiques, assurer le lien ville-hôpital, accompagner le patient à travers des conseils personnalisés, l’éducation thérapeutique et la suivi des traitements. L’objectif est de garantir une bonne observance des traitements et de prévenir les complications liées à ces pathologies.
La tolérance et la gestion des thérapies ciblées
Une autre conférence a abordé le sujet crucial de la tolérance et de la gestion des toxicités liées aux thérapies ciblées, des traitements de plus en plus utilisés dans le cadre de pathologies graves comme le cancer. La pharmacie clinique joue un rôle fondamental dans la gestion de ces traitements, notamment dans le suivi des effets indésirables et dans l’adaptation des posologies en fonction de la réaction du patient.
Les ateliers de réflexion sur les nouvelles tendances
Les ateliers de réflexion ont permis d’aborder plusieurs sujets d’avenir concernant la pharmacie clinique, notamment :
- La déprescription : La déprescription dépend du patient, de sa dépendance, du contexte d’hospitalisation, ou lorsqu’il se sent prêt. Elle doit être intégrée dans un cadre protocolé, avec la collaboration du médecin traitant, du spécialiste, du pharmacien et de l’IDE/IPA. L’utilisation d’un BPM est essentielle pour évaluer les traitements. La question se pose ensuite : opter pour une déprescription massive ou ciblée ? De nombreux outils existent pour encadrer cette démarche, comme ceux proposés par deprescription.org
- La gestion des pénuries de médicaments : L’un des enjeux majeurs pour les pharmaciens cliniciens est la gestion des pénuries, qui nécessite une expertise pour définir les priorités, identifier les patients concernés et trouver des alternatives et des modalités d’accompagnement
- L’éco-prescription : Dans un contexte où les préoccupations environnementales sont de plus en plus fortes, un atelier a été consacré à l’éco-prescription des médicaments. L’objectif est de réduire l’impact écologique de l’utilisation des médicaments, en appliquant la règle des 5R (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Rendre à la terre) à toutes les étapes du cycle de vie des médicaments.
- Collaboration avec l’intelligence artificielle (IA) : Un autre atelier a exploré la manière dont l’IA pourrait être utilisée pour améliorer la pratique de la pharmacie clinique, notamment dans l’analyse des données médicales et la gestion des prescriptions.
- La prévention en gériatrie : Les pharmaciens jouent un rôle crucial dans la prévention des syndromes gériatriques, tels que les chutes, la dénutrition et les problèmes de déglutition, en lien avec les personnes âgées. Un suivi régulier et une évaluation des risques sont essentiels pour prévenir ces pathologies.
- L’adaptation et le renouvellement des prescriptions (RAP) : Enfin, la question de la gestion des prescriptions a été abordée, notamment avec le rôle des infirmiers en pratiques avancées (IPA). Les recommandations ont porté sur l’amélioration du dispositif existant, le renforcement de la collaboration interprofessionnelle, la simplification des démarches administratives et l’extension du dispositif au-delà des établissements sanitaires.
Les Ateliers de la SFPC ont permis de mettre en lumière les enjeux actuels et futurs de la pharmacie clinique, un secteur en constante évolution. La pharmacie clinique joue un rôle central dans la gestion des pathologies chroniques, elle est également appelée à s’adapter aux nouvelles tendances, telles que l’éco-prescription, la déprescription et l’intégration de l’intelligence artificielle. Ces sujets continueront de structurer l’avenir de la profession et de renforcer son rôle dans le système de santé.



