Pharm’HTA c’est bien parti !
TOULOUSE, 11 mars 2024 (APMnews) – Le rôle du pharmacien correspondant va être expérimenté en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et Corse sur le parcours de l’hypertension artérielle pour tenter d’améliorer l’accès aux soins et leur eQcacité, a annoncé Stéphane Honoré, pharmacien à l’AP- HM, dimanche lors du congrès de la Société française de pharmacie clinique
(SFPC).
« Le pharmacien correspondant » est un rôle dans lequel, pour les seules
ordonnances du médecin traitant et à condition qu’il dispose d’un espace de confidentialité, le pharmacien d’officine peut renouveler des traitements chroniques d’un patient au-delà de l’indication de la durée mentionnée sur l’ordonnance« , a rappelé Stéphane Honoré. Cela est possible « lorsque le médecin traitant y a inscrit la mention ‘Le pharmacien correspondant peut renouveler cette ordonnance pour une durée de X mois’, avec un maximum de 12 mois, sans pouvoir excéder la durée prévue par la réglementation pour certains médicaments ». Ce pharmacien doit être désigné par le patient et déclaré à l’assurance maladie (cf dépêche du 31/05/2021 à 10:31).
Le cas échéant, il peut adapter les posologies lorsque le médecin le précise.
Cette nouvelle mission de pharmacien correspondant nécessite une « collaboration très importante » entre le médecin traitant et le pharmacien
d’oQcine et elle nécessite un « raisonnement clinique du pharmacien » relevant de l’expertise pharmaceutique clinique, a souligné Stéphane Honoré.
L’hypertension artérielle (HTA) a été proposée car il est connu qu’un patient hypertendu sur deux n’est pas traité pharmacologiquement, très peu de ces patients consultent un spécialiste (11%); la plupart des patients hypertendus sont suivis par le médecin généraliste avec 10 consultations annuelles; il y a des problèmes d’observance (seuls 40% sont observants) et un problème de dépistage puisque 84% de cette population a eu une mesure de la pression artérielle dans l’année, a-t-il rappelé.
Or la baisse de la tension artérielle réduit les risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de démence d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance du myocarde et de décès d’origine cardiovasculaire et cela retarde la survenue de l’insuffisance rénale terminale.
Pour les quelque 20% de patients non traités, la pharmacie d’oQcine pourrait apporter une aide facilitant l’accès aux soins.
Le projet Pharm’HTA mené par l’Omédit Paca-Corse, l’agence régionale de santé (ARS) Paca et l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de la région prévoit « d’initier, de forcer un peu la coopération médecin-pharmacien dans le cadre d’un parcours d’hypertension artérielle pour modéliser l’intervention du pharmacien d’officine correspondant dans le cadre d’un exercice coordonné afin de libérer du temps médical, d’augmenter le pourcentage de patients traités et suivis et d’augmenter la qualité de la prise en charge », a-t-il détaillé.
Le pharmacien d’officine va prendre du temps pour dépister au comptoir un certain nombre de problèmes et pouvoir mener des actions relevant de la pharmacie clinique de type bilan de médicament ou plan pharmaceutique personnalisé.
S’il repère qu’un patient a besoin d’un traitement, il l‘orientera vers le médecin traitant. Si le patient a besoin d’un suivi pharmaceutique, il le réalisera. Si le patient est stable, il sera éligible à un dispositif pharmacien correspondant et les renouvellements et adaptations seront à définir entre le médecin traitant et le pharmacien correspondant. « S’il y a des problèmes, même dans ce rôle de pharmacien correspondant, il y a ce raisonnement clinique à avoir avec les actes de pharmacie clinique (bilan partagé de médicament). »
« On va déposer en 2024 un appel à manifestation d’intérêt au niveau des CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé] pour mettre en place un parcours pharmacien correspondant en Paca« , a-t-il annoncé en espérant qu’un certain nombre de CPTS de la région y répondront.
Une partie des actes sont déjà financés par l’ARS. « L’idée est de le concrétiser, de le conventionner au sein de CPTS du territoire« , a-t-il ajouté.
L’objectif est d’augmenter l’accessibilité aux soins et la coopération médecin- pharmacien.
La notion de pharmacien correspondant a été introduite en 2009 par la loi HPST et renforcée par la loi santé de 2019 (cf dépêche du 26/10/2018 à 17:42), a rappelé Felicia Ferrera, pharmacienne à Allauch (Bouches-du-Rhône), vice-présidente de la SFPC pour l’officine et co-porteuse du projet Pharm’HTA.
« L’évolution des missions confiées au pharmacien d’officine se développe en parallèle de la désertification médicale. Les pouvoirs publics se tournent vers les acteurs qui sont encore sur le terrain: ce sont les infirmières et les pharmaciens qui voient les nouvelles missions qui leur sont confiées augmenter considérablement », a commenté Alain Guilleminot, président de l’URPS Pays de la Loire, en présentant le rôle du pharmacien d’officine comme acteur de la prévention.
Le Dr Michel Attias, médecin généraliste à Marseille, a approuvé ce type de collaboration, jugeant qu’elle aiderait à mieux répondre aux besoins des patients. Il participe déjà à une coopération avec l’officine sur les Trod cystite et observe que cela « marche très bien ».